Jean Birnbaum et le silence religieux

L’islam n’a rien à voir avec le terrorisme. Cette idée visait à éviter les amalgames, mais cette idée est fausse : dans islamisme il y a bien islam. Surtout, l’islam est en guerre, pas uniquement entre chiites et sunnites. Le vrai combat se joue entre les zélateurs salafistes et les « nouveaux penseurs de l’islam », pour reprendre le titre d’un livre de Rachid Benzine. Dire que l’islam n’a rien à voir avec le terrorisme, c’est mépriser le combat de tant d’intellectuels, de théologiens ou de philosophes musulmans, comme Abdennour Bidar, Anoush Gandjipour ou Mohammed Arkoun, qui se battent pour extraire leur religion de la grimace sanglante que veulent lui faire faire les fous de Dieu de Daesh.

De façon plus large, la religion est restée une force politique, un moteur pour l’action, une grille de lecture qui crée du sens, et nos esprits d’Européen.ne.s, après des siècles de sécularisation, ne sont plus capables de le percevoir. Nous ne savons plus prendre en compte le religieux et le symbolique, et la gauche politique encore plus que nous tous, depuis la génération FLN jusqu’aux errances récentes de l’extrême gauche, confrontée dans les quartiers, à cette force qu’elle ne soupçonnait pas : l’islam.

Jean Birnbaum, journaliste au Monde, directeur du Monde des idées, signe aux éditions du Seuil un livre choc, un livre absolument essentiel : Un silence religieux. La gauche face au djihadisme. Thomas l’a rencontré.