The Middle Earth 

Dans ce Trensversarts n° 47, nous nous retrouvons à l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, pour discuter de The Middle Earth avec Charlotte Morel.

Les années 2000, Marseille : Maria Thereza Alvès et Jimmie Durham, préoccupés par la question des identités territoriales, ont l’idée d’un projet méditerranéen. Quelle image du « midi » avons-nous, depuis l’Antiquité, progressivement construit? Les deux artistes mêlent le travail de l’archéologue à celui du poète, et font résonner, par évocation, des strates enfouies, voire oubliées, d’une histoire artistique et naturelle. Dans cette exposition, les sirènes de l’Odyssée – ou bien, est-ce la voix d’un phoque-moine ? – appellent de loin le visiteur, lorsque ce dernier, encore tout engourdi d’une salle nimbée de bleu, a rencontré ses propres épaves. Les spectres du colonialisme rôdent au détour des objets, sous les atours d’une grotesque reine ou du rappel de formes plus modernes d’invasion. Le regard d’une époque croise celui d’une autre, puis s’esquive un peu honteusement. C’est aussi la généalogie d’une déterritorialisation que l’on raconte – celle des espèces, sélectionnées bon gré mal gré, et celle d’hommes qui prennent la mer.

Musique : Kamilya Jubran (oud et voix), Sarah Murcia (contrebasse), “Kam”.

Photographie : Blaise Adilon.